Comment préparer et réussir un entretien d’embauche ?

Les recruteurs examinent souvent plus de 100 CV pour un poste donné. Mais ils ne rencontrent généralement que quelques candidats. S’il vous invite à entretien, c’est donc toujours une excellente nouvelle ! Mais alors, comment tiret parti de cette chance et vous donner toutes les chances de passer à l’étape suivante ?

Pour vous donner des conseils concrets qui vous aideront à décrocher votre poste, nous avons rencontré Honorine Jollans, experte en recrutement. Voici ses astuces pour bien préparer et réussir vos entretiens d’embauche.

Étape 1 – Bien préparer l’entretien

As-tu une méthode pour se familiariser avec l’entreprise ?

Aller sur son site. Les candidats le font tellement rarement, c’est dommage. Vous postulez, plus qu’à une entreprise, à un certain environnement, une culture, des valeurs, des projets, dans un secteur qui vous attire plus ou moins. Pour savoir si vous avez envie de postuler, si le poste comme l’entreprise correspondent à vos attentes, il faut que vous ayez fait le tour des informations disponibles sur elle. Par ailleurs, si vous connaissez bien l’histoire et les enjeux de l’entreprise, cela se ressent et vous marquez des points.

L’idée n’est pas tant de tout savoir sur l’entreprise, que d’avoir des informations clés à mettre en rapport avec votre futur poste, pour pouvoir alimenter intelligemment la discussion.

Par exemple : quelqu’un qui postule en contrôle de gestion, à la comptabilité, ou a fortiori en finance de marché, doit s’être renseigné sur les données financières de l’entreprise. Quand on postule en marketing, c’est pareil : on doit connaître les concurrents de notre service et les chiffres clé du marché, pour évaluer où seront les opportunités de croissance.

Dans certaines structures comme les entreprises familiales, les chiffres ne sont pas publiés. Cependant, un candidat qui montre qu’il ou elle a essayé de les chercher sera toujours valorisé par rapport à un autre.

À quelles questions doit-on se préparer à répondre ?

  • Savoir raconter son parcours, mais cela va de soi. Sur cette question, le défi est de rester synthétique, en détaillant uniquement les points pertinents par rapport à l’offre sur laquelle on postule.
  • La fameuse question des qualités et des défauts. Il est important de savoir mettre en valeur les retours positifs de ses anciens managers, mais aussi les axes d’amélioration. C’est bien d’avoir du concret, et même des exemples en situation. Et de dire quel est notre plan pour s’améliorer sur tel sujet. Évitez évidemment les défauts qui n’en sont pas, par exemple “je suis perfectionniste”, et restez honnêtes, tant que le défaut n’est pas rédhibitoire pour le poste en question (par exemple : un business developer timide).

  • Une autre question importante : “Qu’attendez-vous de votre manager ?”. La relation avec lui ou elle est cruciale, car il ou elle vous guidera, de votre intégration à votre travail au quotidien, mais aussi pour vous faire évoluer au sein de l’entreprise. Évidemment, chacun a des attentes différentes, et c’est bien d’avoir pris du recul sur les siennes pour pouvoir les formuler !

Doit-on chercher à contacter des collaborateurs de l’entreprise ?

Cela dépend des cultures d’entreprises. Certaines le font énormément. Chez L’Oréal par exemple, c’est un acquis : les déjeuners sont très pratiqués, même avec des personnes plus haut dans la hiérarchie et/ou qu’on ne connaît pas. Mais ce n’est pas bien vu dans certaines entreprises.

Et si l’on se lance, encore faut-il poser les bonnes questions. Je vous conseille de ne pas poser de questions opportunistes (quel sera mon salaire, aurai-je de gros horaires, quels sont les avantages en nature). Les questions pertinentes sont celles liées à la culture d’entreprise, car c’est difficile à sentir de l’extérieur. Et tout ce qui concerne le métier du collaborateur, les missions que vous aurez en commun avec lui ou elle.

En tout cas, cela ne pourra pas être mal vu si vous n’avez pas fait cette démarche. Les recruteurs n’ont pas d’attentes sur le sujet.

Avant l’entretien, qu’est-ce qu’on ne doit pas oublier ?

Le CV papier est de moins en moins demandé, souvent on l’a imprimé, et le profil LinkedIn suffit.

Mais il est indispensable de venir avec un carnet et un stylo. C’est essentiel de noter les infos que le recruteur ou le manager vous donnera sur les missions ou sur l’entreprise.

Rien de plus désagréable que de voir que la personne est passive : cela donne l’impression qu’elle n’est pas très intéressée, voire qu’elle ne nous écoute pas.

Et bien sûr, si vous exercez un métier créatif, n’oubliez pas votre portfolio !

[À lire : Comment créer un portfolio convaincant ?]

As-tu une méthode pour éviter le stress qui précède l’entretien ?

Première chose : soyez à l’heure. Ce n’est pas confortable d’arriver en retard. Pour cela, anticipez votre trajet. Si vous n’avez pas le temps de le faire une fois avant, ayez conscience du temps qu’il faut mettre pour y aller, et prenez un peu de marge, quitte à vous asseoir au café à côté avant l’entretien.

Ensuite, dédramatisez la situation : les entretiens ne sont pas un grand oral où vous jouez votre carrière, mais plutôt un moment d’échange. Je le re-précise à chaque fois, on pose des questions, on creuse certains aspects, on comprend le parcours de la personne mais sans enjeu paralysant.

Et les meilleurs échanges sont les plus naturels !

Étape 2 – Comment réussir l’entretien d’embauche ?

S’habiller

Tout dépend de l’entreprise. Certaines sont plus formelles tandis que d’autres sont très “relax”. Mais peu importe l’entreprise, évitez les baskets ainsi que les jeans troués.

Préférez également les couleurs neutres, évitez les décolletés plongeants si vous êtes une femme, vous ne seriez pas à l’aise. Le but est de faire ressortir ses expériences et que l’attention ne soit pas portée sur autre chose que le CV et les échanges. Soyez simple, sobre, mettez des habits dans lesquels vous vous sentez bien, et ne tentez pas des combinaisons trop excentriques ce jour-là.

[À lire : Le dress code selon les secteurs]

Arriver sur place

15-20 minutes avant, c’est parfait. Être trop en avance ne donne pas une bonne image de vous (on se dit que vous êtes stressé voire un peu paranoïaque) et nous met mal à l’aise car on se sent obligés de vous recevoir en avance. Cela m’est arrivé pas plus tard qu’il y a deux semaines, le candidat est arrivé avec 45 minutes d’avance, c’était trop. Par contre, le quart d’heure de politesse est très apprécié.

On dit que le premier contact compte. Comment le réussir ?

Tout repose sur l’énergie que le candidat va renvoyer.

C’est tellement plus agréable d’avoir quelqu’un de souriant, qui montre qu’il ne subit pas le fait d’être là. Soyez dynamique et jovial. Si c’est le cas, on sent déjà que l’échange va être plus agréable pour nous, que vous ne vous contenterez pas de répondre par oui ou par non.

Y a-t-il des « questions pièges ? »

J’ai remarqué que les candidats peinent sur certaines questions :

  • Comment ils se sont organisés dans leur recherche pour se renseigner sur l’entreprise. Cette question permet de voir si la personne est organisée et synthétique. Il faut reprendre méthodiquement votre démarche (d’abord le site de l’entreprise, ensuite les concurrents, ensuite les podcasts YouTube, ensuite la presse écrite, etc.) pour renvoyer cette image d’organisation.
  • Comment ils se renseignent sur leur activité dans leur environnement. En RH par exemple, les lois changent régulièrement : c’est donc nécessaire de s’updater. Au Marketing aussi, c’est essentiel. Avec cette question, on voit si la personne est curieuse. Ayez deux ou trois sites de veille en tête pour ne pas buter sur la question.[À lire : 13 ressources incontournables pour une bonne veille RH ; Les meilleurs outils de veille Social Media]

As-tu des exemples de bonnes questions de fin d’entretien ?

Cela dépend des profils et des postes.

En entretien RH, les questions sur les missions ne s’y prêtent pas forcément toujours : vous pouvez alors poser des questions sur l’organisation de l’entreprise, sur sa culture.

En entretien avec un manager, on peut demander ce qu’est une journée type, par exemple. C’est classique, mais cela fonctionne.

Comment gérer son langage corporel ?

Les recruteurs sont formés sur la lecture de votre langage corporel. Donc c’est vraiment important de bien vous tenir.

On n’est pas au café, c’est un moment assez formel. Tenez-vous droit, jambes décroisées, mains sur la table sans faire trop de gestes, cela montre une certaine politesse.

[À lire : Comment maîtriser votre langage corporel en entretien ?]

Comment un profil atypique peut-il se mettre en valeur ? 

Pour moi, il ne faut pas se cacher de l’être. C’est important de le mettre en avant, de rester fidèle à son parcours. Et de savoir le raconter !

Une personne peut s’être trompée dix fois de voie, si elle a pris du recul sur ses choix, et a ressorti le positif de chaque expérience, ce n’est pas bloquant.

Elle peut aussi avoir des intérêts divers et aller au bout de chaque expérience.

Avoir eu différentes vies professionnelles peut être un atout formidable. Pour en tirer tous les bénéfices, je vous conseille en amont de l’entretien de faire la liste par écrit de comment vous allez raconter cette histoire par rapport au poste. Il y a forcément des ponts, et, pas de complexes, votre histoire est singulière et d’autant plus intéressante.

Votre enjeu sera de rassurer votre interlocuteur : vous vous êtes nourri de toutes ces expériences et vous êtes multi-compétences, un vrai plus pour son business.

Et quelqu’un qui a eu une pause dans sa carrière ?

Je mentirais en disant que c’est un atout, mais si on sait expliquer pourquoi on a eu une pause, c’est presque gagné.

On a tous à un moment des problèmes personnels, ou des difficultés pour trouver un travail, ou même l’envie de se réaliser autrement que dans le travail.

Les recruteurs savent mieux que quiconque que le marché de l’emploi est impitoyable, et ils pourront comprendre votre situation si vous avez pris du recul et tiré les enseignements de votre expérience. Là encore, les rassurer est important : il faut expliquer les choses simplement et avec honnêteté pour qu’ils sentent que vous êtes prêt pour un nouveau départ et que vous serez fiable sur ce poste.

As-tu un exemple où le candidat s’est disqualifié et pourquoi ?

Justement, à propos du mensonge… Je me souviens d’une candidate créa qui postulait à la direction artistique d’une marque, en tant que future styliste. Je lui ai demandé si elle avait regardé le dernier défilé de la marque, qui avait eu lieu la semaine précédente. Elle m’a dit qu’elle l’avait regardé, mais a été incapable de me dire son thème. Là, elle s’était clairement grillée, elle n’avait pas préparé l’entretien et j’allais remettre en doute sa curiosité, son intérêt pour la marque, sa passion pour le stylisme. Elle était venue les mains dans les poches et ça s’est vu. Très mauvais point !

Attention aussi à ceux qui parlent comme si le recruteur était leur copain, de manière familière.

En conclusion, si vous ne deviez retenir que trois conseils dans cette liste :

Connaissez bien l’entreprise et le poste. 

  • Nourrissez votre entretien avec une présentation de vous en rapport avec le poste, et avec des questions pertinentes sur la fonction, la culture d’entreprise et les enjeux de votre futur poste. Vous êtes passionné par les problématiques soulevées, il faut que cela se sente.

Soyez dans la bonne attitude.

  • Souriez en rencontrant votre interlocuteur, notez les informations que l’on vous apporte, soyez engageant dans votre langage corporel. Soyez transparent, ne déformez surtout pas la vérité pour commencer par un contrat de confiance tacite. Remerciez en fin d’entretien, et faites un follow-up concis et poli par mail. 

Et le plus important : ayez confiance en vous.

  • Vous ne jouez pas votre vie pendant cette entrevue, et vous retomberez toujours sur vos pattes. Votre parcours, qu’il soit linéaire ou plus sinueux, est forcément intéressant. Vous êtes arrivé en entretien, donc le recruteur est curieux de vous rencontrer ! Écoutez-le, expliquez-lui comment vous pouvez répondre à ses besoins, présentez-vous tel que vous êtes. Vous êtes sûrement la bonne personne.

Bonne chance !

 

15 Comment
  1. Merci pour cet article intéressant.
    Simple remarque de lectrice : la notation avec le masculin et le féminin est difficile à lire et à parser. Moi-même qui suis féministe, je trouve que l’intention est bonne, mais cette écriture gêne la lecture et rend le texte très lourd. C’est assez désagréable.

  2. C’est génial. L’effet wow ressort tout de suite de cette belle présentation.
    Merci Honorine de votre professionnalisme partagé.

  3. Billet très enrichissant, mais je suis resté sur ma faim… J’aurai aimé qu’Honorine fasse un petit conseil pour les candidats « en pause carrière » depuis plus d’un an, et qui n’ont pas forcément l’explication excepté la recherche d’emploi depuis tout ce temps ; sont en reconversion professionnelle et en plus, ont eu un passé disons…. hum ! Comment dire… remplis de période d’essai ? Mais plein de bonnes volontés et qui veule repartir à neuf.

    1. Bonjour Denis, c’est une bonne question, il est vrai qu’il est difficile de couvrir absolument tous les sujets.
      Votre situation m’a l’air complexe: que voulez-vous dire par un passé rempli de périodes d’essai ? Au total, quelle est votre expérience professionnelle ?
      Si vous avez la volonté, vous trouverez un chemin ;)

  4. Merci Madame Honorine pour ces conseils ! En réalité, je suis à la fin de ma formation et ces conseils sont d’une aide très importante. Merci aussi à vous Nora.

    1. Bonjour Jean-Marie,
      Pour votre CV et lettre, je vous conseille d’accorder au masculin (rires).
      En ce qui concerne le choix d’OpenClassrooms d’utiliser cette forme d’écriture, il est lié au fait que nous souhaitons montrer que nos formations sont accessible tout autant aux femmes qu’aux hommes, et ce quel que soit le parcours (par exemple, dans les métiers du développement, les femmes sont moins représentées, et il faut que cela change).
      Cela fait plus d’un an que nous l’utilisons, et nos lecteurs le remarquent maintenant car cela fait polémique actuellement.
      Mais il y a un an déjà, c’était un choix éditorial symbolique. Vous savez tout !

  5. Bonjour Honorine,
    Merci pour ces conseils.
    Me concernant, suite à un burnout, j’ai été licencié pour inaptitude médicale après 15 ans passés dans .une société dans laquelle j’ai effectué plusieurs postes de manière évolutive.
    J’ai donc décidé de me réorienter professionnellement et de faire une formation chez OpenClassrooms. Que me conseillez vous dans ce cas précis? Dois je évoquer le burnout à un futur employeur? Quelle attitude tenir? Merci

    1. Bonjour Jérôme,
      Je suis navrée d’entendre cela ! Je pose la question à Honorine et vous posterai sa réponse.
      En tous cas, bienvenue chez OpenClassrooms !

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