Sachez vous entourer

J’ai eu l’occasion ces derniers jours de rencontrer de nombreux entrepreneurs, que ce soit lors d’une soirée d’anciens ou lors d’un salon (comme le salon du livre). Cela a été pour moi l’occasion de discuter et d’échanger nos expériences.

Sans rentrer dans le détail, j’ai découvert plusieurs entrepreneurs du même âge que moi (et même des plus jeunes) qui ont tous un projet auxquels ils croient dur comme fer.

Pourtant, cela ne doit pas cacher que le plus grand problème d’ordre psychologique auquel on doit faire face en tant qu’entrepreneur, c’est la solitude.

Non, vous n’êtes pas seul

Team leader

(et si vous vous sentez seul, c’est qu’il y a un problème à régler)

Ce qui m’a le plus interpelé, et c’est pour cela que je voulais en toucher un mot aujourd’hui, c’est que contrairement à la croyance populaire un entrepreneur est rarement seul. Parmi les personnes que j’ai rencontrées, aucune ne se lançait seule dans un projet de création d’entreprise. J’ignore si c’est surtout le cas chez les jeunes entrepreneurs. Peut-être après tout, ce serait logique : on a moins d’expérience, donc on doit additionner nos connaissances pour être au point. En revanche, lorsqu’on est plus âgé et expérimenté, on peut plus facilement se lancer seul. Il est vrai que quand on a créé une entreprise, on a plus facilement tendance à recommencer (d’où le terme de serial-entrepreneur).

Mais soit, tout le monde ne naît pas avec la science infuse. Vous pouvez être un crack des technologies web et imaginer une application révolutionnaire, vous ne serez toujours qu’un technicien (et je tiens à préciser que ce terme n’a pas de connotation péjorative). Etre bon ne suffit pas, il faut aussi être ouvert, reconnaître et accepter ses propres lacunes pour pouvoir les combler grâce à d’autres personnes.

« Entourez-vous de gens meilleurs que vous ». Combien de fois est-ce que j’ai entendu cette phrase…

C’est tout d’abord une leçon d’humilité : parce que vous n’êtes pas le meilleur en tout, sachez reconnaître où sont vos faiblesses et recrutez quelqu’un qui est bien meilleur que vous dans ce domaine. Ce n’est pas un mal. L’entrepreneur n’est pas celui qui sait tout et fait tout, mais celui qui sait le mieux former une équipe et la pousser à se surpasser.

Alors, la dream team parfaite, c’est quoi ?

Constituez une équipe qui se complète

(une bonne équipe s’entraide et ne se marche pas sur les pieds)

Il y a en fait dans toute entreprise 3 pôles de compétences à retenir :

  • Les techniciens : ils développent le produit. Ce ne sont pas nécessairement des programmeurs, mais ce sont ceux qui ont la connaissance du produit et qui sont capables de le reproduire et de l’améliorer. Dans une entreprise de maçonnerie, les maçons sont donc les techniciens.
  • Les commerciaux : ils vendent le produit. Si notre entreprise de maçonnerie construit de superbes villas mais qu’aucun commercial ne les vend, vous serez peut-être les meilleurs mais personne ne le saura et… surtout vous ne gagnerez pas d’argent.
  • Les financiers : ils ont une vision plus globale et stratégique de l’entreprise. C’est pour la plupart des gens une fonction bien obscure, et pourtant elle est tout à fait indispensable. Les financiers surveillent l’évolution du chiffre d’affaires et du résultat (bénéfices ou pertes) et anticipent les besoins en liquidités (argent). Ils vont gérer la trésorerie, c’est-à-dire l’argent que vous avez en banque. Pour l’entreprise de maçonnerie, ils souhaitent par exemple construire un pavillon de 5 villas sur la côte d’azur mais voient qu’ils n’ont pas assez d’argent pour mener à bien ce projet et embaucher suffisamment de maçons. Ils vont soit demander un emprunt à leur banque (difficile par les temps qui courent :-° ) soit effectuer une ouverture de capital et faire rentrer ainsi un nouvel actionnaire dans l’entreprise qui amènera de l’argent frais.

Si vous souhaitez démarrer une entreprise, il faut donc en théorie au minimum être 3 :

  • Un technicien (chef produit)
  • Un commercial
  • Un financier

Bien entendu, c’est la théorie. Nous-mêmes, Pierre et moi, avec Simple IT nous ne sommes que 2. Je suis plutôt du côté produit (donc la technique, et pourtant je ne code pratiquement pas, comme quoi ça n’est pas forcément lié) et Pierre est plutôt du côté commercial. Quant au côté financier, nous le gérons et le surveillons à 2. C’est une autre configuration possible que la configuration théorique que je viens de vous présenter.

Que retenir ?

Que faut-il retenir de cela ? Deux choses.

Si vous vous lancez dans une création de boîte à 3 et que vos 2 partenaires sont comme vous des geeks passionnés, vous allez peut-être développer un super produit, mais il n’y aura personne pour le vendre. Ou du moins personne qui saura le vendre correctement. Et là, vous courez à la catastrophe : dans quelques mois (ou années) vous allez vous impatienter de ne pas gagner un centime et finalement jeter l’éponge, alors que vous aviez réalisé un bon produit.

A l’inverse, mais j’imagine que ce sera moins le cas parmi nos lecteurs, si vous êtes une équipe constituée uniquement de commerciaux, ce n’est pas bon non plus. Vous savez vendre, mais vous n’avez aucun produit derrière à vendre. En somme, vous vendez du rêve ! (et croyez-moi, il y a beaucoup de gens qui réussissent comme ça !). Cependant, cette configuration n’est pas plus souhaitable, parce que tôt ou tard vos clients vont se rendre compte que vous n’avez en fait rien de concret qui marche à proposer, et à ce moment-là je vous conseille d’être loiiiiin loin loin lorsque la fureur du client se fera entendre. :D

17 Comment
  1. Très bon billet.
    Mais les autres admins ne comptent pas dans l’entreprise ?(genre Cam, Tortue facile…)
    Ils sont pas payés :-° ?

  2. Bon billet, en effet.
    Cependant, j’ai l’impression que lorsqu’on démarre un projet, on a ce réflexe inconscient de vouloir recruter plein de monde pour ne pas être seul. Pourtant, quand on est jeune et passionné, on n’a souvent rien à offrir (niveau rémunération), ce qui nous pousse à démarrer soit tout seul, soit avec une autre personne prête à s’investir dans le projet.
    C’est sans doute pour cela que bien souvent les projets démarrent avec seulement deux créateurs (la plupart du temps il manque le commercial j’ai l’impression :-°).

  3. Merci pour cet exelent article, très instructif ..

    PierroLaLune, Simple IT, l’entreprise est composé uniquement de Kamillo et Mateo, quand au SdZ, c’est de l’aide bénévole ;)

    ( Pardon si j’ai écorcher les pseudos :D )

  4. @PierroLaLune : L’entreprise, c’est simple it. Le produit c’est le sdz.

    C’est un peu comme wikipédia et la Wikimedia Foundation, Inc. Il n’y a que quelques employés de la wikimédia, pourtant il y a des millions de contributeurs, non payés pour wikipédia.

    Les membres bénévoles améliorent le produit mais pourtant ne font pas partie de l’entreprise. Ce n’est pas incompatible…

  5. PierroLaLune admin ne veut pas dire salarié :)
    Si SimpleIt versait un salaire à tous les membres actifs du site (admin, modos, etc…) je ne pense pas qu’ils auraient duré jusqu’ici ^^
    Bon billet au passage, très instructif ;)
    Bonne continuation

  6. D’accord avec Mathieu. Mais lorsque personne (commerciaux, technicien, …) ne veut se joindre à vous dans l’aventure parce que vous n’avez pas les moyens de le payer. A ce niveau on fait comment?

  7. Je pense qu’on puisse dire qu’ils sont là pour une tâche bien particulière. Ils sont en « CDD ».

    PS : ça semble logique qu’ils soient payés… combien de personnes voudraient bosser gratuitement pour un bouleau dont ils peuvent être payées ? Encore que, je trouve que certaines entreprises ont beaucoup de stagiaires non rémunérés…

  8. Ça m’étonnerait fort qu’ils soient payés.

    « Je suis plutôt du côté produit (donc la technique, et pourtant je ne code pratiquement pas, comme quoi ça n’est pas forcément lié) ».

    Il y a les stagiaires pour ça :D

  9. Bon article. J’avais déjà entendu parlé que l’idéal pour monter une entreprise de nos jours était d’être trois (le technicien, le commercial, le financier) mais sans savoir en détail tout cela.
    Par contre, de nos jours j’ai l’impression que c’est dur pour le « technicien » de mettre en œuvre le produit tout seul. Avec le temps il peu, mais il a intérêt de s’accrocher. D’autant plus, qu’il faut un peu de concret et un avancement dans la création du « produit », afin que le commercial et le financier puisse avoir un peu de travail.

    Après je pense que ça doit surement dépendre des cas et qu’il faut tout de même être un minimum polyvalent.

    Encore bravo pour l’article.

  10. Tu distingues dans ton billet 3 pôles de compétence au sein d’une entreprise.

    Nous sommes d’accord que c’est une simplification grossière pour les besoins de la démonstration, mais ton découpage me semble un peu étrange.

    D’un côté on a les « spécialistes métier », de l’autre les commerciaux et les financiers qui a priori (c’est aussi grossier) sont assez indépendants du « métier ».

    Que fais-tu de la catégorie indispensable responsable du management, et en particulier du management stratégique ?
    Dans une petite structure telle que celle de Simple IT, j’ai bien conscience que vous avez un management assez réduit (quoique présent tout de même), et vous prenez à vous deux 100% des décisions stratégiques en tant que détenteurs du capital de la boite.

    Mais cette catégorie me semble intéressante à mentionner parce que dans des structures un peu plus grosses, elle est généralement à part des 3 autres, et souvent considéré comme étant au dessus dans la hiérarchie.

    Alors c’est vrai que les financiers font du aussi « ressource planning », mais cela ne consiste qu’en la partie financière de l’activité.

    Quel est ton avis sur la question ? Avez-vous discuté de choses telles que le fait d’avoir un business plan, des metrics pour le quotidien et le moyen et long terme, une roadmap et tout ces outils et philosophie indispensable à la conduite de l’activité ?

    Parce que, de mon point de vue, si l’on ne tient compte que ce qu’il y a marqué dans l’article, on a 3 membres d’équipage, chacun à son poste, de telle façons à ce que le navire navigue comme il faut, mais personne qui ne sait quel cap tenir.

    Et sinon, comment Simple IT traverse la crise ? La ressentez-vous directement ou est-ce que les effets sont atténués dans votre activité ?
    C’est une question que je me posais, j’ai ma petite idée sur la réponse, mais on peut toujours être surpris.

    Bon courage pour la suite ;)

  11. Article très enrichissant !
    Merci d’avoir pris le temps d’en rédiger un comme celui-ci.

    Tu dis pourtant être du côté Technique, et ne pas coder. Grosso-modo, mais vraiment en une phrase, en quoi consiste le côté technique de Simple-It si ce n’est coder le SdZ ?

    D’avance, merci pour la réponse.

  12. Le statut « admin » n’a rien à voir avec la présence au sein de Simple IT. C’est juste un statut sur le site pour des gens qui ont un maximum de droits.

    Chris > mon billet est volontairement simplifié, comme tous les autres. Mais il reste tout à fait valable car je me place dans le cas d’une TPE comme la nôtre qui n’a pas la taille critique pour avoir un comité exécutif.

  13. @SdT: Le côté produit, pas technique. Du coup, ça inclut notamment l’écriture des tutoriels qui ont fait la renommée du SdZ, les prises de décision importantes sur les nouveautés du site, etc. En plus de ça, il me semble que même si M@t touche (touchait ?) peu au code PHP du site, il bosse sur tout ce qui est templates et autres joyeuseries importantes. Cf. r513 à 518 par exemple :-° .

    Btw, ce côté technique inclut aussi d’autres choses comme la gestion des tâches à réaliser, leur priorité, leur assignement aux différents développeurs / stagiaires, etc. D’après moi ça doit quand même prendre un certain temps, même si le BT doit bien aider à suivre tout ça.

  14. Exactement, le côté produit implique tout ce qui touche au produit. Le développement n’est qu’un aspect du produit. Le management des stagiaires, de l’équipe du site, l’écriture de tutoriels ou encore la représentation du site lors d’évènements (comme lors du salon studyrama) incombent grosso modo à celui qui gère le produit.

  15. La solitude est un defaut pour un entrepreneur. D’accord mais comment « aborder » quelqu’un lors d’un salon ? Comment entamer une conversation ?

  16. Good billet !
    Comme quoi l’union fait la force, être a plusieurs dans des compétences qui permette de commercialiser un produit et mieux que seul. Déjà que la solitude ne doit pas être facile, et n’avoir que des connaissance dans une matière n’aide pas…
    Comme il est expliquait dans ce billet il faut bien évidement l’argent, j’ai connu un groupe de personne qui avait un programme intéressant mas qui n’avait pas l’argent pour produire.( Aucune inquiétude ils ont repris du poil de la bête !)

    Bonne chance pour la suite !:)
    Alex.infernal

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