Dans le monde des entreprises, la course à l’innovation se joue aussi à l’échelle humaine. En termes de management, l’objectif est généralement d’intégrer ce cercle vertueux alliant performances économiques et bien-être des salariés, mais comment faire ?
Élodie Baussand et Arnaud Regnier, associés du cabinet Tenzing Conseil, nous en disent plus sur l’attitude à adopter en s’appuyant sur l’un des piliers de leur organisation : le management par la confiance.
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Le management par la confiance, c’est quoi ?
« C’est un management basé sur l’équilibre entre confiance et accompagnement. D’un côté, nous faisons confiance à nos consultants en leur donnant des responsabilités. De l’autre, nous les accompagnons dans le bon déroulement de leurs missions. » – Arnaud Regnier
Cette culture managériale est le principal des cinq piliers sur lesquels s’est bâti le cabinet. La confiance est l’essence même de l’organisation. Cette notion se traduit par une réelle volonté de faire prendre conscience à chacun des employés des forces dont ils disposent, de les utiliser et d’avoir un regard objectif sur qui ils sont, ce qu’ils sont en mesure de faire.
« Cette introspection est surtout valable pour les axes d’amélioration » nous explique Élodie, « manager par la confiance, c’est avant tout amener chacun des employés à adopter un point de vue critique quand il le faut ». Une quête d’objectivité qui intègre plus largement une véritable « culture du feedback » à part entière, primordiale quel que soit le style de management. Les retours sont des maillons essentiels au processus d’amélioration. Ils sont synonymes de transparence et in fine : source de confiance.
En quoi est-ce un management différent ?
Pour réellement fonctionner, les notions de « confiance » et « différence » doivent se retrouver dans toutes les strates de l’entreprise. En bonne entreprise sociale, Tenzing les intègre dans sa mission première : « réduire les inégalités » et y fait référence dans chacun de ses piliers.
Pilier n°1 – La promotion des talents
Tenzing favorise la reconnaissance des jeunes de milieux modestes « en leur donnant accès aux métiers du conseil », commence Élodie, « un véritable tremplin, car dans cette culture fortement élitiste, les origines sont souvent un facteur d’exclusion ».
Pilier n°2 – Un mode de recrutement ouvert
« Nous avons pour cela mis en place un recrutement véritablement ouvert, nous permettant de passer d’une culture du diplôme à celui de la compétence » poursuit-elle, « chez nous, cela se matérialise par un ou deux recrutements de profils atypiques »
Pilier n°3 – Un modèle de gouvernance partagée
Point très important : Tenzing est une entreprise hybride détenue par sa propre association. « Cela nous permet de faire cause commune, d’acter que nous partageons une même vision de ce que doit être l’entreprise : plus redistributive et prenant sa part à la résolution de problèmes de société », explique-t-elle.
Pilier n°4 – Le partage de la valeur financière
« 100% des bénéfices redistribuables le sont pour des associations », termine-t-elle. De quoi donner plus de sens à son travail et se différencier du schéma classique d’une entreprise.
Pour impliquer ses équipes, Tenzing mise tout sur la mixité et les parcours très différents de chacun. « L’idée ici est d’entretenir la personnalité dans le management pour ne pas entrer dans une logique de formation. Celle des cabinets de conseil plus traditionnels, dans lesquels tout le monde serait dans le même moule. Cette différence a aussi de la valeur pour nos clients » conclut Arnaud.
Après « faire confiance », le véritable second mot d’ordre chez Tenzing est : « cultiver la différence », et ce à tous les niveaux : dans le recrutement, dans la gouvernance et jusque dans les actions.
Objectifs et mise en place
Quelles que soient les particularités de chaque maillon, tous doivent remplir leurs rôles de manière optimale. « L’idée est donc d’établir de vrais liens entre managers et managés » explique Élodie, « il est impératif que les employés comprennent que les managers sont là pour les accompagner, les aider à se développer » et non pas les contrôler à la tâche ou les sanctionner.
« Le management par la confiance, c’est avant tout avoir confiance en son management » – Élodie Baussand
En plus du solide combo « mission première + cinq piliers » cela passe aussi par le bon sens des managers et le respect des règles de management classiques :
- L’écoute
- L’exemplarité
- La considération
- La remise en question
- La transparence dans les actions et la communication, etc.
Ainsi réglés, les rouages du management par la confiance ont tout pour bien tourner. Attention toutefois, il existe des risques à prendre en compte avant de se lancer.
Comment assurer le succès de cette approche ?
Le management par la confiance passe par une réelle conduite du changement et de nombreuses expérimentations. « On ne s’arrête pas à de petites bonnes intentions de type bienveillance, droit à l’erreur, non, il faut aller chercher la vraie subsidiarité » explique Arnaud.
« Il faut accepter que chacun prenne ses responsabilités, et ça, c’est dur ».
Manager par la confiance, signifie donc mettre son ego de côté, accepter de déléguer… accepter de faire confiance.
« L’un des autres risques dans ce type de management, c’est aussi la possibilité que certains employés prennent mal les retours », ajoute Élodie. Quand une entreprise applique une stratégie de management par la confiance, la personnalité de chacun est directement exposée. C’est pourquoi il se crée des liens plus forts que d’habitude. Quand tout va bien, c’est parfait, mais en cas de coup dur, cela peut faire mal.
« On est en confiance, on exprime ses opinions, on exprime qui on est, mais il ne faut pas oublier qu’on reste dans un environnement professionnel. » – Élodie Baussand
Enfin, la confiance accordée laisse également place à une forme de liberté qui peut poser problème à certains profils demandant à être encadrés. Pour eux, la liberté peut se transformer en pression et devenir source de stress. Pour pallier à ces risques, l’entreprise doit donc impérativement déployer des capteurs permettant d’évaluer tout au long de l’année le moral des troupes. Chez Tenzing, un système interne d’évaluation à 360 entre collaborateurs a été mis en place. Ils utilisent des outils comme Bloomin pour mesurer et agir rapidement si besoin.
« Il est également bon d’organiser trois à quatre événements par ans », ajoute Arnaud, « organisés par des prestataires extérieurs si possible, car cela reste le meilleur moyen de libérer la parole et non plus la conditionner au sein même de l’entreprise ».
Pour conclure
Le management par la confiance permet aux entreprises d’ouvrir de nouvelles portes et de saisir de nouvelles opportunités en révélant des talents. C’est un terreau particulièrement fertile si, à l’image de Tenzing, les notions de « confiance » et « différence » sont réellement prises en compte dans toutes les strates de l’entreprise : de la mission première et les piliers jusque dans le recrutement, les actions et la considération des risques.
Les entreprises mettent beaucoup de modèles collaboratifs et agiles en place pour casser les silos, mais tout cela n’est vraiment efficace que si on manage correctement par la confiance. Nous le constatons tous les jours sur le terrain, c’est un sujet qui plaît, mais qui est très difficile à mettre en œuvre. Il y a une tendance, toutefois les entreprises n’y sont pas encore. – Arnaud Reigner
Le management par la confiance n’en serait-il qu’à ses débuts ?