Telle un chat, du haut de ses 41 ans, Mojan GHOTBI a déjà vécu plusieurs vies. Iranienne de naissance et mariée à un journaliste engagé et opposé au régime, elle doit demander l’asile politique en France et quitter son pays natal en catastrophe en 2012. Commence alors un long voyage parsemé d’embûches. Il la mènera à sa formation dans le programme Wintergreat puis au Fellowship de Techfugees dont l’école en ligne OpenClassrooms est partenaire… et à sa vie actuelle comme Product Manager à Paris. Interview.
[Saviez-vous que c’était le bon moment pour démarrer une alternance ? Jusqu’au 31 décembre 2020, le gouvernement propose une aide à l’embauche. Les entreprises peuvent toucher entre 5 et 8000€ de prime d’alternance supplémentaire. Le temps de recherche a aussi été étendu de 3 à 6 mois après le début d’une formation. Vous commencez sereinement votre parcours diplômant chez nous, et nous vous aidons à trouver votre employeur dans les mois qui suivent. Rendez-vous sur notre page Alternance]
D’où viens-tu ?
Je suis d’origine iranienne, et je suis arrivée en France il y a 8 ans.
Comment ça s’est passé, à ton arrivée en France ?
Nous nous sommes heurtés à beaucoup de problèmes administratifs la première année.
Faire ses papiers, trouver un logement, chercher du travail… avec la barrière de la langue, tout cela est un parcours du combattant.
À partir de 2013, nous avons appris le français. J’avais une fille de deux ans, il fallait que je le fasse autant pour moi que pour elle, et vite.
Et cela t’a aidée à trouver du travail ?
Les hasards de la vie font plutôt bien les choses. J’ai eu un contact à la Mairie de Paris et j’ai pu convaincre cette personne de m’embaucher. Je lui ai montré que j’étais capable de travailler avec des enfants et très intéressée par le poste.
J’ai donc été animatrice en maternelle pendant 4 ans. Cela m’a beaucoup aidée pour apprendre la langue et m’intégrer : quand je me compare avec les autres personnes arrivées au même moment que moi, je vois que travailler avec les enfants m’a énormément fait améliorer mon français. Je n’étais pas gênée de parler devant eux, et ils me corrigeaient gentiment.
Le fait de travailler dans un environnement social français m’a permis de monter en compétences.
Et la suite ?
Après 4 ans, je me suis dit qu’il fallait que je trouve un emploi dans mon domaine. En Iran, je suis diplômée en chimie, j’ai une licence à Bac +4. J’avais travaillé dans l’industrie automobile, en R&D, notamment en tant que responsable contrôle qualité et responsable de la ligne d’assemblage…
J’ai trouvé une formation professionnalisante de deux mois en chimie analytique pour les adultes chez l’AFPA. J’ai commencé cette formation d’analyste des eaux. C’était intense et intéressant… mais apparemment pas suffisant pour trouver un poste : mes recherches n’ont pas abouti. Pourtant, ma licence en chimie est bien reconnue en France, j’ai même une équivalence. Mais je n’avais pas eu d’expérience depuis la naissance de ma fille…
J’avais donc besoin de me remettre sur des rails et aussi de retrouver confiance en moi.
Tu as eu un coup de pouce de l’association loi 1001 Wintegreat
Effectivement, je suis rentrée dans le programme Wintegreat. C’est un un tremplin pour les réfugiés qui ont un projet professionnel. Cela dure 6 mois. On y apprend tout ce qui est nécessaire pour remettre le pied à l’étrier et trouver un emploi en France.
À l’issue de ce programme, la plupart des personnes ont eu des opportunités en entreprise. Pour ma part, j’ai eu la chance d’avoir un contact chez l’Oréal. J’ai fait un stage de 6 mois en chimie analytique à Chevilly Larue. Ce stage a été particulier, car je ne sortais pas de l’école. J’ai repris les notions de chimie analytique. Cela s’est bien passé et j’ai travaillé dans le domaine analyse des produits finis, des matières premières et dans la recherche et développement de formulations cosmétiques. Suite à mon stage, L’Oréal m’a proposé un CDD de deux mois en qualité. Suite à ce CDD, aucun poste n’était libre et je n’ai donc pas été embauchée.
Forte de cette expérience, j’avais tout de même plus d’atouts pour trouver un poste.
Mais là encore, j’ai rencontré des difficultés puisque les entreprises ne me faisaient pas vraiment de retours. Alors, j’ai réfléchi sérieusement à tourner la page de la chimie, même si j’étais passionnée par le domaine, pour me reconvertir.
Comment as-tu procédé pour te former à nouveau et changer d’emploi ?
À ce moment-là, j’ai rencontré l’équipe de Techfugees. J’avais toujours été intéressée par l’idée travailler dans le domaine du numérique.
J’ai décidé de tenter le coup en intégrant le programme Fellowship de Techfugees. Il s’agit d’une initiation complète aux métiers du Web, pour des femmes réfugiées comme moi. C’était très très bien, on a fait pas mal de visites chez de grands groups Tech comme Google.
C’était parfait pour se projeter dans différents métiers du digital, et au bout de ces 6 mois, j’avais confirmé mon intérêt pour la gestion de projet.
J’avais déjà travaillé avec les méthodes de cascade en Iran, et donc je voulais creuser. J’ai commencé à suivre les cours sur OpenClassrooms. Ces cours m’ont confortée dans mon choix de métier.
Super ! Comment as-tu rencontré et convaincu ton entreprise ?
En parallèle, j’ai participé à un job dating chez Techfugees. J’y ai rencontré RTE, une entreprise dans le secteur des énergies. Le directeur Recherche & Développement était intéressé par mon parcours. RTE m’a proposé de suivre la formation product manager en alternance à Bac +5, avec OpenClassrooms. Je travaille en tant qu’assistante chef de projet, et à côté je suis la formation Product Manager, et je fais tout mon possible pour bien comprendre le contexte de RTE.
Je débute dans le domaine, c’est passionnant.
Tu as commencé en février 2020. Travailler en alternance en pleine crise du Covid-19, c’est compliqué ?
L’équipe est sympathique, et malgré la situation sanitaire, on a essayé de se voir en conf-call pour le daily meeting tous les matins. Comme dans la méthode du scrum, on se disait ce qu’on a fait hier, ce qu’on prévoyait pour la journée et on partageait nos difficultés pour trouver ensemble des solutions, toutes les réunions et les stands up étaient maintenues à distance et les projets avançaient bien. L’entreprise est très dynamique, et ça me plaît !
Ce confinement tombait tout de même mal, car comme j’étais encore relativement nouvelle, j’avais besoin de contact avec mes collègues. Chez RTE, on utilise beaucoup d’acronymes, de notions et de termes techniques… au début, je ne comprenais rien du tout en réunion. Mon responsable m’a rassurée, et je vois que de jour en jour je progresse à vitesse grand V. Je fais tout pour !
J’espère avoir une opportunité d’embauche après ma formation en alternance d’un an et demie en tant que future Product Manager.
Je suis optimiste car cela se passe bien et que je donne chaque jour le meilleur de moi-même. Et dans tous les cas, je sais que j’apprends un métier d’avenir : pari réussi.
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Depuis 2019, OpenClassrooms travaille avec plusieurs associations pour accompagner des personnes réfugiés dans leur intégration professionnelle en leur permettant de se former à temps plein ou en alternance sur 50 parcours de métier en tension. Vous souhaitez faire de vos recrutements un nouvel engagement ? Contactez-nous.