Savoir dire non
Voilà un sujet qui me trotte dans la tête depuis quelques jours. Il devrait intéresser notamment tous ceux qui gèrent un site communautaire ou sont amenés à en gérer un. En fait, à moins que vous ne travailliez tout seul sur votre site (ce qui est aujourd'hui plutôt rare), vous devriez avoir des collaborateurs qui vous aident à maintenir ce site. Peut-être même avez-vous calqué votre modèle sur le fonctionnement du SdZ, avec des administrateurs, modérateurs, newsers, etc.Je suppose que vous êtes le créateur de ce site, l'initiateur du projet. Vous avez recruté des gens dans le forum "Recrutements pour vos projets" par exemple et vous êtes à la tête d'une belle équipe... aussi nombreuse que dispersée et inefficace parfois.
Born to be a manager ?
Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais vous vous retrouvez dans la position d'un manager. Dès que vous gérez des Hommes, vous êtes un manager (c'est en quelque sorte la définition la plus simple). Cette situation est de loin la plus fréquente.On pourrait distinguer 2 sortes de sites :
- Ceux qui établissent une hiérarchie, certains membres de confiance ayant plus de droits que d'autres.
- Ceux qui jouent à fond la carte du "communautaire on est tous égaux" et pour lesquels tout nouveau venu a autant de droits que le plus ancien des anciens.
Je ne voudrais pas trop m'avancer, mais je ne connais pas de site qui fasse partie de la seconde catégorie. Il en existe peut-être mais alors c'est extrêmement marginal et je n'ai pas vu de site basé sur un tel fonctionnement prendre de l'ampleur. Si vous avez des exemples, je suis preneur.Le fait est que dans la quasi-totalité des cas on est tenté de recréer une hiérarchie, plus ou moins complexe et plus ou moins opaque selon les cas. On reproduit en effet le modèle qu'on connaît et qu'on voit (globalement) bien marcher dans la vie réelle. Certes, on déteste tous (moi compris) avoir un supérieur qui nous donne des ordres, surtout si ceux-ci sont contraires à nos aspirations. Pourtant, s'il y a parfois certaines dérives inévitables, c'est ainsi que les choses peuvent fonctionner.On peut prendre Wikipédia par exemple. A priori chaque nouveau venu a le droit d'éditer n'importe quel article. Tout le monde aurait donc les mêmes droits ? Bien sûr que non. La grande majorité des gens n'a pas accès à certains outils d'administration et surtout certains droits leur permettant de bloquer la modification d'articles sensibles (Wikipédia étant régulièrement vandalisé, c'est un fait), voire de bloquer certains utilisateurs. Les modérateurs sont partout, et souvent ils ont au-dessus d'eux des administrateurs ou super-administrateurs.
Un manager ne doit être ni méchant ni gentil : il doit être juste
J'insiste sur ce titre car à mes yeux il résume tout ce que l'expérience m'a apprise. J'estime simplement avoir eu pas mal d'expérience dans ce domaine et si je me permets d'en parler aujourd'hui, c'est simplement pour faire un peu le point et donner des conseils à ceux qui, à leur échelle, s'engagent sur la même voie. Et ils sont nombreux.En tant que responsable (historique ou nommé comme tel), vous allez prendre des décisions. Les gens vont se référer à vous pour savoir si oui ou non vous acceptez certaines propositions. Et c'est là où je veux en venir : sachez dire non à une proposition.Cela peut paraître ridicule, mais je pense que tout le monde est concerné par ce problème. Il nous arrive d'accepter des propositions à contre-coeur pour faire plaisir aux gens ou pour ne pas les froisser, et donc éviter de rentrer en conflit avec eux. Or, dans la vie réelle (et même virtuelle), les conflits sont inévitables. Vous pouvez tenter de les repousser, mais soyez sûr que cela vous retombera dessus un jour ou l'autre.
Des exemples concrets
Vous vous en doutez, j'ai commis ce genre d'erreur. J'aimerais bien vous citer un exemple concret mais certains sont trop internes (ou privés si vous préférez) pour pouvoir être présentés ici. Imaginez par exemple qu'un membre de votre équipe vous propose d'ouvrir une nouvelle section sur le site. Il a l'air extrêmement motivé et, avec quelques collègues, il vous promet que tout va bien se passer et qu'ils vont gérer ça. Vous, vous ne pensez pas pareil. Vous pensez que cette initiative va se planter et que du temps va être perdu, voire même que des frictions vont apparaître entre ces collaborateurs volontaires et motivés. Mais vous dites "ok" parce qu'après tout, rien ne prouve que vous avez raison sur tout cela.Et là, c'est le drame. Si au début tout s'active et semble aller pour le mieux, le scénario que vous aviez envisagé se dessine petit à petit. C'est là que vous vous rendez compte, plusieurs mois plus tard, que si vous aviez su vous auriez dit non. Cela aurait évité une perte de temps à tout le monde. Mais c'est trop tard. Vous n'avez pas su dire non, et le mal est fait depuis l'instant même où vous avez dit "oui" à contre-coeur.Bon, en y réfléchissant bien, j'ai 2 exemples intéressants à vous donner reliés au SdZ. L'un d'entre eux montre que le manager aurait probablement eu raison de dire non, et un autre où c'est l'inverse.
- La Cave du SdZ : c'est le blog de l'équipe du SdZ. Un jour, plusieurs d'entre eux sont venus me voir extrêmement motivés pour créer un blog un peu "roleplay" qui relaterait les informations relatives à l'équipe. Ce que j'en ai pensé ? Que leur motivation faisait plaisir à voir mais que sur le long terme on n'aurait pas le temps d'alimenter un tel blog et que cela nous ferait une charge de travail en plus. Bref, que le travail sombrerait dans l'abandon, alors que les news du SdZ avaient cruellement besoin d'un peu plus de moyens justement. J'aurais préféré que cette énergie soit dépensée ailleurs. J'ai pourtant dit oui, devant tant d'enthousiasme. C'est seulement bien plus tard que j'ai regretté. Bien sûr, aucun mal n'a été fait à qui que ce soit, mais beaucoup d'efforts ont été investis dans un projet qui prend la poussière, à l'image de son design (fort réussi au passage).
- Les zCorrecteurs : on ne peut pas avoir toujours raison et les zCorrecteurs sont une initiative qui le prouve à la perfection. Lorsqu'on m'a proposé le projet, j'étais très sceptique. Je n'ai pas dit non, mais je ne suis pas allé jusqu'à intégrer l'idée de correcteurs au sein même de l'équipe pour ne pas rajouter de la lourdeur. Finalement ils ont créé leur site, leur système et ont réussi au-delà des espérances les plus folles. Comme quoi on ne peut pas toujours avoir raison, c'est une question de feeling mais rien ne prouve que l'un a plus raison que l'autre.
Là où je veux en venir, c'est que le manager n'est pas plus intelligent ou visionnaire que les autres. Il a peut-être plus d'expérience en revanche et peut estimer si un projet va réussir ou échouer. Et il peut se tromper aussi, comme tout le monde c'est un humain.Je constate simplement que bon nombre de managers, moi y compris, ont parfois dit oui vraiment à contre-coeur pour rester en de bons termes avec tout le monde. Mais un manager qui approuve tout ne manage rien. Il vaut mieux être en froid quelques jours avec quelqu'un et éviter une perte (parfois colossale) de temps et de moyens, plutôt que l'inverse.Voyez les choses en face : vous ne pouvez pas être l'ami de tout le monde. C'est un fait. Ne sombrez pas dans l'excès inverse qui consiste à se mettre tout le monde à dos systématiquement : soyez équilibré. Etre équilibré signifie savoir aussi bien dire oui que non. Je reconnais volontiers, dans cette optique, que je suis déséquilibré *.* : je vous interdis de sortir cette phrase de son contexte !

